STAE-Toulouse - Science et Technologies pour l'Aéronautique et l'Espace
La lettre d'information n°10 - mars 2013  
 
 
Edito
Par Marc Pircher, CNES, Directeur du centre spatial de Toulouse

Dans nos secteurs aéronautiques et spatiaux, l'innovation et la maîtrise des technologies constituent des enjeux majeurs pour rester dans la course mondiale. Le panorama régional, français et européen a beaucoup évolué ces dernières années et doit continuer à s'adapter,
notamment pour permettre à nos entreprises de préserver et développer les emplois et rester compétitifs sur des marchés en constante évolution.
Dans le spatial la mesure du niveau de maturité technologique se base depuis plusieurs années sur l'échelle TRL (Technology Readiness Level) mise au point par la NASA.

En bas de cette échelle, pour les TRL 1 à 4, les financements des technologies spatiales sont globalement satisfaisants notamment grâce à l'ANR et aux budgets de R&T régionaux (Fondation STAE, Région Midi-Pyrénées), nationaux (CNES) et européens (ESA). Pour le haut de l'échelle, les programmes satellites engagés font monter les niveaux de maturité au-delà de 6. Il est par contre indispensable de mettre en place des organisations et des financements qui permettent de franchir ce que l'on appelle la vallée de la mort pour les niveaux de TRL compris entre 4 et 6.

En France, les projets du PIA dédiés au spatial et plus spécifiquement aux systèmes orbitaux (programmes Myriade Evolution, Néosat et THD Sat) permettent de tirer vers le haut les technologies concernées.
Au CNES, un budget de l'ordre de 20 millions d'euros est dédié annuellement à la R&T dont le plan 2013 a été présenté dans le cadre de la Journée R&T annuelle du 31 janvier dernier. Les produits les plus prometteurs identifiés dans la R&T font ensuite l'objet de démonstrateurs ou sont développés directement dans le cadre des programmes spatiaux.

Au niveau européen, les programmes technologiques facultatifs de l'ESA comme le GSTP, ARTES pour les télécommunications, l'EOEP pour l'observation de la terre et EGEP pour la navigation jouent également ce rôle de moteur de développement des technologies. Ces programmes représentant une enveloppe de l'ordre de 30 millions d'euros par an pour les activités françaises viennent compléter le TRP, programme obligatoire de l'ESA, qui couvre des TRL de plus bas niveau et pour lequel le retour français est de l'ordre de 8 millions d'euros par an.
L'Union Européenne est en phase de préparation du programme Horizon 2020 pour la période 2014-2020. La Commission européenne chargée de gérer ces programmes a décidé d'affecter un budget significatif sur les activités de type R&D, puisqu'un montant de 240 millions d'euros par an est pressenti à ce jour.

En région, les financements mis en place par la fondation STAE et le CNES, seront dans un futur proche complétés par ceux de l'IRT Aéronautique, Espace et Systèmes Embarqués, abondés par le secteur privé.
L'implantation en Midi Pyrénées du CEA Tech, associée à la création de l'IRT AESE et à la volonté de faire monter en technologie notre tissu à la fois académique et industriel, doit nous permettre le partage de briques technologiques.

Une réflexion est en cours pour coordonner et mettre en place une gouvernance appropriée impliquant tous les partenaires, y compris le monde industriel. Les discussions ont donc été amorcées avec le GIFAS. L'objectif est d'échanger dans un cadre précis sur les besoins de l'industrie en complément des échanges réalisés dans le cadre du CPS (Comité des Programmes scientifiques) avec le monde scientifique.
L'enjeu, auquel chacun doit apporter sa contribution, est d'aboutir à la mise en place de feuilles de route de haut niveau qui intègrent la vision des mondes académique et industriel.
La vie du RTRA
Assises nationales : contribution STAE
Lancées en juin 2013 après la mise en place du comité de pilotage présidé par la professeure Françoise Barré-Sinoussi, les Assises nationales de l'enseignement supérieur et de la recherche ont mobilisé quelque 20 000 acteurs et ont suscité plus de 1 200 contributions écrites, parmi lesquelles celle de la Fondation STAE.
Les assises ont constitué pour la FCS une occasion de rappeler ses missions, de faire part de l'expérience acquise pendant ses 5 premières années d'existence en particulier sur les deux premiers axes de réflexion proposés.
  L'intégralité de la contribution est accessible sur le site des Assises.
1 - Donner une nouvelle ambition pour la recherche à partir de trois évolutions essentielles :

- La pluri-disciplinarité et la prospective, dans la conduite des recherches amont, notamment celles qui sont orientées vers les besoins d'une filière technologique. Une manière de progresser dans ce domaine est de faire travailler "en réseau" des équipes, localisées sur un même territoire, ayant un même objet de recherche, orienté vers l'anticipation de futures innovations et nécessitant l'apport de disciplines différentes. C'est ce qu'encourage la FCS STAE à travers les chantiers d'animation scientifique qu'elle soutient dans l'objectif de faire émerger des projets de recherche réellement novateurs et pluridisciplinaires.
- La réactivité. Très souvent, l'émergence d'une idée de recherche originale manque d'un soutien suffisant pour se développer et être testée rapidement. Il est de ce fait parfois difficile de tenir la concurrence internationale. Instruits par la capacité de réactivité permise par une entité de type Fondation, nous avons proposé la mise en place d'un fonds d'aide à la recherche, dédié spécifiquement aux idées nouvelles, avant que des structures de soutien classiques puissent prendre le relais.
- L'interaction avec les entreprises et le monde socio-économique. Dans beaucoup de domaines scientifiques, les équipes de recherche interagissent avec les entreprises (contrats de recherche, Instituts Carnot…). Cette collaboration nécessaire répond cependant, pour l'essentiel, à des besoins de court terme. Une façon d'améliorer cette situation est de mettre en place des dispositifs régionaux (et aussi nationaux) permettant de mieux faire connaître d'une part les compétences et techniques disponibles dans les laboratoires de recherche et d'autre part les verrous technologiques prévisibles dans les années à venir. Pour leur ressourcement, ce type de structure trouve naturellement sa place en amont des Instituts ou organismes dédiés aux "Recherches Technologiques" et des pôles de compétitivité.
2 - Propositions dans le cadre de "recherche et
territoires"

Si la recherche doit garder une dimension nationale, voire le plus souvent internationale, l'expérience montre que la proximité géographique est un atout considérable pour les échanges, les synergies, etc.
Dans les propositions faites dans le paragraphe précédent, il est évident que le rôle des collectivités territoriales est crucial à côté de celui des établissements et des organismes de recherche. Pour acquérir la taille nécessaire, les compétences complémentaires, et pouvoir ensuite intervenir au niveau national et international, il est nécessaire d'encourager la structuration régionale. Des avancées ont déjà vu le jour avec la mise en place des RTRA, pôles de compétitivité, LABEX, etc., mais cette démarche doit être précédée d'une identification des domaines de recherche les plus prometteurs, au niveau international, au sein de la Région. Dans ce sens, l'AERES - ou toute autre entité nationale d'évaluation de la Recherche - doit en particulier être encouragée à produire des synthèses régionales de ses évaluations et à partager celles-ci avec les analyses opérées par les exécutifs et les conseils territoriaux

Le rapport de synthèse des Assises remis au Président de la République fustige le "mikado institutionnel" lié à la multiplication des structures et dispositifs engendrés par la Loi recherche de 2006 et la LRU de 2007 ; les RTRA y sont notamment montrés du doigt. Cette analyse catégorique a cependant été nuancée par Jean-Yves Le Déhaut dans son rapport. A ce stade de la préparation de la nouvelle loi sur l'enseignement supérieur et la recherche, il nous semble impératif de rappeler combien la structure juridique d'une Fondation de Coopération Scientifique comme la FCS STAE constitue un atout remarquable pour développer les activités "de terrain" structurées et pérennes qui permettent aux laboratoires de développer des projets originaux et émergents sur une base collective et largement interdisciplinaire. Comme le remarquent les directeurs de laboratoires du réseau STAE interrogés, elle permet de "faire ce que l'on ne peut aujourd'hui réaliser avec aucun autre système de financement". Une FCS autorise des prises de décision rapides, indispensables pour faire face, avec les équipes de recherche, aux prises de risques nécessaires pour bénéficier, au jour le jour, des meilleures opportunités (montage de nouveaux projets, l'embauche de jeunes chercheurs, recherche de financements complémentaires). Il est essentiel de continuer à s'appuyer sur des dispositifs autonomes, organisés en réseau, dont le statut et la petite taille, autorise une grande réactivité d'action et de suivi des recherches. C'est la condition pour continuer à développer des actions à la fois émergentes et transverses, pluri- et inter- disciplinaires, associant désir de recherche et esprit d'entreprise.
Rapport Gallois et RTRA
Le nouveau Commissaire à l'Investissement, Louis Gallois, a été missionné par le gouvernement pour mener une réflexion sur la compétitivité de notre industrie et pour émettre des propositions d'actions afin de donner un nouvel élan à notre industrie, l'un des moteurs principaux de notre économie. La sortie de son rapport dit "rapport Gallois" constitue un élément important dans la vie du RTRA STAE.
La recherche académique compte parmi les paramètres clés de la compétitivité de l'industrie, par sa contribution amont, et le rapport y consacre une partie importante.

Parmi les causes structurelles du déficit de compétitivité de notre industrie, le rapport identifie une mauvaise articulation de la recherche, l'innovation et la formation avec l'industrie, comme premier bloc de handicap. En effet, bien que la France demeure parmi les pays les plus actifs de l'OCDE en matière de R&D publique, avec 2,24 % du PIB, les dépenses de R&D des entreprises françaises restent bien inférieures à celles des entreprises allemandes, finlandaises ou suédoises avec 1,4 % du PIB. Autre frein : les crédits publics de soutien à la R&D sont proportionnellement moins orientés vers le développement économique.

Pourtant la France dispose de nombreux atouts. Elle possède notamment des pôles d'excellence mondiaux tels que l'industrie aéronautique et aérospatiale, la France est une terre d'émergence de PME innovantes et la recherche française est reconnue mondialement.

Partant de ce constat, le rapport considère qu'il n'y a aucune raison pour que la France ne puisse pas réussir la reconquête de la compétitivité industrielle. Dans ce but, il émet 22 propositions à partir de 3 grands axes :
- Jouer la montée en gamme, l'innovation et la productivité ;
- S'appuyer sur ce qui marche ;
- Renforcer les partenariats et les synergies entre tous les acteurs de l'industrie.

Cinq propositions concernent particulièrement le secteur de la recherche :

- Créer un Commissariat à la Prospective, lieu d'expertise et de dialogue social pour que l'Etat puisse jouer un rôle de stratège, d'éclaireur de l'avenir en renforçant et en coordonnant mieux les structures d'intelligence économique et de veille technologique.
- Sanctuariser le budget de la recherche publique et celui du soutien à l'innovation sur la durée du quinquennat, l'effort de recherche française est significatif, il constitue le socle de l'innovation. Le rapport propose que la recherche publique et le soutien à l'innovation soient budgétairement sanctuarisés et que les dispositifs soutenant la recherche privée (CIR, soutien aux jeunes entreprises innovantes et aux pôles) soient maintenus.
- Créer un mécanisme d'orientation de la commande publique vers des innovations et des prototypes élaborés par des PME, l'objectif est de permettre à la recherche privée de rattraper son retard par rapport à celle des pays les plus innovants et de conduire les PME et les ETI à intégrer plus de technologie avancée et d'innovation dans les process industriels et dans les produits. Il est proposé, notamment la création de l'équivalent du SBRI américain (Small Business Innovation and Research) qui oriente une partie de la commande publique vers des innovations et des prototypes élaborés par des PME.

- Donner au CGI la mission de porter trois priorités techniques et industrielles, la politique technologique, celle qui prépare l'avenir est clairement interministérielle. Les politiques qui soutiennent l'innovation doivent conduire au dialogue de toutes les parties prenantes – Universités, organismes de recherche et de transfert de connaissance, BPI, entreprises. Le CGI pourrait jouer ce rôle d'animation et être porteur de trois priorités techniques et industrielles décisives :
o Le développement et la diffusion des technologies génériques
o La santé et l'économie du vivant
o La transition énergétique, les économies d'énergie, les industries vertes

- Concernant la politique de recherche, le rapport plaide pour que la France améliore son taux de retour de financement dans le cadre du prochain PCRD et que les différents organismes de recherche et les entreprises s'organisent et se regroupent pour répondre aux différents appels à projet. Le rapport milite également pour que la France prenne l'initiative de proposer des grands programmes européens à l'instar de Galileo ou Ariane V dans des domaines technologiques d'avenir.
Mais la question la plus décisive pour l'industrie française est probablement d'intensifier et d'accélérer la collaboration entres les différents acteurs, structures publiques de recherche, entreprises, grands groupes, ETI, entreprises innovantes et le transfert de la recherche vers l'innovation et ses applications industrielles. Les instruments se mettent en place via les investissements d'avenir, il faut s'appuyer sur ces progrès et amplifier le mouvement.

Le rapport Gallois fait donc une large part à la recherche en général et à l'apport que peut avoir l'innovation dans la compétitivité de notre industrie. Le RTRA STAE dispose d'atouts significatifs pour être un des éléments actifs du système par sa démarche à la fois pluridisciplinaire, mais aussi collaborative, tant par ses activités de projets et de chantiers, que par ses collaborations avec les groupements (Pôles, IRT,…) et les industriels.
Cinq nouveaux chantiers labellisés
Cinq nouveaux chantiers scientifiques vont démarrer en 2013. Issus de l'appel à idées lancé en 2011, ils ont été évalués par le conseil scientifique puis validés par le conseil d'administration de la Fondation STAE.
L'appel à idées adressé fin 2011, aux équipes académiques du RTRA STAE ainsi qu'aux entreprises "Aéronautique et Espace" de Midi-Pyrénées a recueilli 76 réponses. Elles ont été regroupées et traitées pendant plusieurs mois par le Comité de pilotage de la Fondation selon le modèle des Groupes de Travail. Cette procédure a abouti en 2012 à la labellisation de 5 chantiers supplémentaires, ce qui porte à 12 le nombre de chantiers en cours.
Les cinq chantiers 2013 :

- MAVRC : Développement de micro-drones autonomes et collaboratifs
- VIMA : Vieillissement des matériaux métalliques pour l'aéronautique
- 3PC : Poussières et Plasmas : réacteurs cosmiques et industriels
- SEDILION : Transport de matière entre continent et océan
- TEREAU : Analyse spatiale des ressources en eau
Ces "chantiers", financés par tranches de deux ans, sont destinés à développer une animation scientifique interdisciplinaire, visant à faire collaborer entre elles des équipes de recherche relevant de laboratoires différents.
Le périmètre scientifique n'est pas figé a priori, et peut être élargi suite aux réflexions qui résultent des activités du chantier : des ateliers de travail réunissant chercheurs ou ingénieurs au-delà du périmètre des équipes concernées, des conférences nationales, voire internationales et des séjours de chercheurs séniors.
Un des objectifs des "chantiers" est de faire mûrir, puis éclore de nouveaux projets de recherche, visant à faire émerger de nouveaux concepts, de nouvelles technologies ou encore de nouvelles méthodologies dans le domaine "Aéronautique et Espace". Pour compléter le dispositif scientifique de la FCS, un appel à projets est d'ores et déjà en préparation dont le calendrier et les modalités seront communiqués au mois d'avril 2013.
  Voir la présentation de tous les chantiers STAE
Nos actions
Restitution du projet ITAAC
Par Daniel Guédalia
Le colloque de restitution du projet ITAAC (Impact du Trafic Aérien sur l'Atmosphère et le Climat) s'est tenu le 19 février 2013 dans les locaux du CERFACS, avec la participation d'une trentaine de chercheurs.
L'objectif principal du projet est de mieux caractériser l'impact climatique du transport aérien. Pour l'atteindre, ITAAC comporte trois volets complémentaires :

1.Production et transport des émissions dans le champ proche
2.Dispersion, chimie et microphysique dans le sillage
3.Modélisation à grande échelle
Les principaux laboratoires participants sont : le CERFACS, l'IMFT, le CNRM et le LAPLACE.

Sur le premier volet, les études ont permis de modéliser de manière fine la production de suies dans la chambre de combustion du réacteur (CERFACS). La fraction volumique maximale reste de l'ordre de 10^(-7). L'émission atmosphérique n'a pas été déterminée. En complément à cette étude, le LAPLACE a créé une base de données spectrométriques comportant les raies chaudes des principaux gaz concernés, ce qui permettra de réaliser l'étude radiative lors de la production des suies. Enfin, ce volet est complété par une simulation haute définition du champ turbulent à proximité du sillage de l'avion (CERFACS), à l'aide du code elsA. Grâce à des données disponibles dans un cas particulier, une validation a été réalisée. Cette première simulation a été réalisée sans les processus microphysiques de croissance des particules.

Le deuxième volet s'est intéressé, d'une part, à la simulation de la turbulence en milieu stratifié (IMFT/ISAE) et, d'autre part, à l'utilisation de la veine hydraulique du CNRM pour des simulations physiques dans le sillage d'une grille et d'une aile d'avion (simulations en milieu stratifié). Des travaux ont été réalisés sur le code JADIM pour l'adapter aux conditions de la veine hydraulique. Le calendrier n'a pas permis à ces travaux de s'insérer davantage avec les autres volets d'ITAAC.
Le résultat le plus élaboré de ce deuxième volet est la simulation numérique des traînées (CERFACS) en utilisant le code NTMIX à petite échelle et ensuite avec le code Meso-NH en régime dissipatif. C'est une simulation multi-échelles réussie. Un des résultats inattendus est le fait qu'au bout de quelques minutes, c'est le rayonnement, et non plus la turbulence, qui pilote l'évolution de la traînée de condensation ("contrail").
En accompagnement à ces différentes études numériques, une campagne de mesures à l'aide de l'avion Falcon de SAFIRE a été réalisée entre janvier et mars 2012, avec un total de 15 heures de vols scientifiques. Les données ne sont pas complètement exploitées, mais cette campagne, difficile, a permis de mettre au point une méthodologie pour des prochaines campagnes.
Dans le troisième volet, des simulations climatiques avec le code CM5 du CNRM ont permis de montrer que l'impact du trafic aérien se faisait surtout sentir dans l'hémisphère Nord, avec une augmentation de l'ozone et de la température (dans la troposphère). Un résultat inattendu est le fait que, sur quelques dizaines d'années, l'effet radiatif des "contrails" est au moins du même ordre de grandeur que l'émission de CO2 vis-à-vis de l'augmentation de température.

En conclusion, une bonne partie des objectifs a été atteinte et les outils numériques et d'observation développés doivent permettre la poursuite de ces études avec le soutien de la DGAC, de l'ANR,...
EMMAV : 1ers résultats et perspectives
Par Dominique Le Quéau et Eric Climent


Une présentation des principaux résultats, des démonstrations de prototypes et une visite des installations expérimentales ont été organisées à l'Institut de Mécanique des Fluides de Toulouse, le 20 février 2013, en conclusion du projet " Electroactive Morphing for Micro-Airvehicles ".
L'objectif poursuivi par EMMAV, débuté en juin 2009, concerne l'optimisation des performances des drones, et de façon générale des aéronefs, par des systèmes d'adaptation dynamique entre voilure "structurelle" et écoulement "aérodynamique". Les actuateurs / capteurs qui sont au coeur de cette capacité d'adaptation (morphing) sont des matériaux électro-actifs, bien adaptés au remplacement progressif des commandes hydrauliques des aéronefs par des commandes électriques. Les dispositifs développés – et les matériaux "intelligents" qui les constituent doivent répondre à tout un spectre de durées caractéristiques :
- de la dizaine de secondes (matériaux à mémoire de forme) au dixième de seconde (actuateurs piézo-électriques) pour faire face à diverses instabilités aérodynamiques, structurelles, ou résultant du couplage écoulement/structure ;
- jusqu'à quelques millièmes de secondes (polymères électro-actifs), pour diminuer les pertes dues à l'émission d'ondes acoustiques.

Le morphing électro actif a été appliqué à des nano-drones équipés de rotors contrarotatifs, afin d'accroître, par vrillage cyclique, l'efficacité aérodynamique de l'ensemble. Il a également été appliqué à des volets, correspondant à la configuration générique d'un aileron, muni ou non d'un déflecteur de bord d'attaque, dont l'efficacité a pu être étudiée en soufflerie, par imagerie ultrarapide de l'écoulement d'air.
Après un mot d'accueil des directions du RTRA et de l'IMFT, les principaux partenaires du projet (IMFT, Laplace, ISAE) ont pris tour à tour la parole pour détailler les axes forts de ce projet multidisciplinaire de recherche. Les responsables scientifiques des trois thématiques, Marianna Braza - IMFT (coordination du projet et simulation et expérimentation des écoulements turbulents
et du couplage fluide-structure) - Jean-François Rouchon - Laplace (matériaux électro-actifs et à mémoire de forme, pour l'adaptation des voilures à basse fréquence), et Jean-Marc Moschetta - ISAE (microdrones et polymères ioniques métalliques pour le morphing à plus haute fréquence) - ont pu montrer que le projet a déjà donné des résultats concluants (brevet, publications et communications) sur le choix d'une stratégie d'actuation réaliste et à bas coût énergétique afin de réduire la traînée et augmenter la manoeuvrabilité des aéronefs.
Les présentations ont largement démontré que, grâce au caractère intrinsèquement pluridisciplinaire de ce projet, étudiants et post-docs ont pu travailler pendant de nombreux mois entre plusieurs établissements partenaires, enrichir leur savoir-faire en matière de recherche et acquérir une maturité et des connaissances, au-delà de ce que leur aurait permis un projet "normal". Les discussions ont porté non-seulement sur les aspects scientifiques pointus des nouveaux concepts ou techniques mis en oeuvre mais aussi sur l'applicabilité de ces travaux sur des démonstrateurs à échelle un.
L'assistance (30-40 personnes) composée des membres du projet et d'industriels de l'aéronautique a pu participer à une table ronde pour dresser les différentes perspectives qui pourront être développées notamment dans le cadre du RTRA (en lien avec les chantiers SMARTWING et MAVRC) et dans celui de collaborations internationales, déjà fermement établies. Il ne fait aucun doute que les bases sont ainsi posées pour une collaboration fructueuse sur du moyen terme avec en ligne de mire les applications industrielles du monde de l'aéronautique.
Atelier "Instrumentation Optique Embarquée"
Par Yvan Ségui

L'atelier "Instrumentation optique embarquée" était organisé sur deux jours et demi en site résidentiel du 11 au 13 février 2013, à l'initiative du chantier ICE (Instrumentation & Capteurs environnementaux). Le Groupe de Travail "OPTIM" sur l'Optique que le RTRA souhaite voir travailler à donner une visibilité et une spécificité aux recherches en optique à Toulouse était également très impliqué dans cet atelier.
Soixante-six personnes étaient inscrites à cet atelier et on peut estimer qu'il y avait une cinquantaine de présents à chacune des sessions.

Plusieurs caractéristiques distinguent ces journées :
- Une participation largement non toulousaine puisque pays de Loire, PACA, Aquitaine, Languedoc Roussillon, Limousin, Rhône-Alpes et Franche Comté étaient représentées.
- Des industriels couvrant des domaines variés (Aéronautique, Spatial, Automobile, Energie) étaient fortement présents. La présence de PME au côté de grands groupes est également à signaler.
- Une table ronde qui a su tirer quelques conclusions significatives a clôturé l'atelier.

On a assisté à trois types de présentations :
- Des industriels représentatifs des divers secteurs mentionnés ci-dessus ont exprimé leurs besoins en termes de fonctions (ou fonctionnalités) ainsi qu'en termes de produits.
- Des présentations venant de laboratoires académiques ou industriels donnant l'état de développement "d'objets" assurant certaines fonctions optiques (LIDARS, détecteurs IR, nouvelles sources IR…).
- Des présentations venant de laboratoires académiques ouvrant des perspectives potentiellement exploitables dans le futur pour développer de nouveaux instruments ou de nouvelles fonctions (interférométrie atomique, spectroscopie vibrationnelle, nanostructures et intégration...).

C'est donc peu dire que cet atelier balayait large tant du point de vue des domaines d'applications que de la maturité technologique des différents thèmes présentés. Mais ceci était un choix délibéré de l'organisation de l'atelier et sans doute nécessaire dans un premier temps pour avoir une idée du spectre envisageable.

La table ronde qui a clôturé l'atelier a permis de tirer quelques enseignements dont le principal est que si Toulouse veut acquérir une visibilité au moins nationale (ce qu'il n'a pas aujourd'hui dans le domaine de l'optique) il lui faut une spécificité ; et donc parmi toutes les voies possibles se résoudre à placer sous le projecteur une partie d'entre elles. Ce choix doit tenir compte du tissu industriel régional. Il semble donc que la spécificité "Optique Embarquée" soit une voie qu'il faudra creuser. Elle a des domaines d'applications dans le spatial comme dans l'aéronautique et l'automobile avec pour chaque secteur un cahier des charges qui lui est spécifique aussi bien sur ce que l'optique "regarde" que sur le niveau de fiabilité et sur les coûts.
Dernières publications des projets

Trends in global and basin-scale runoff over the late 20th century: Methodological issues and sources of uncertainty.
Auteurs : Alkama R., B. Decharme, H. Douville, A. Ribes
2011
Parution : J. Climate, 24, 2983-2999, doi:10.1175/2010JCLI3921.1
Nom du projet : CYMENT

Spatial and temporal variability of biophysical variables in southwestern France from airborne L-band radiometry
Auteurs : Zakharova, E., Calvet, J.-C., Lafont, S., Albergel, C., Wigneron, J.-P., Pardé, M., Kerr, Y., Zribi, M.
2012
Parution : Hydrol. Earth Syst. Sci., 16, 1725-1743, doi:10.5194/hess-16-1725-2012
Nom du projet : CYMENT

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Sommaire
 Edito
 La vie du RTRA
 
    Assises nationales : contribution STAE
 
 
    Rapport Gallois et RTRA
 
 
    Cinq nouveaux chantiers labellisés
 
 Nos actions
 
    Restitution du projet ITAAC
 
 
    EMMAV : 1ers résultats et perspectives
 
 
    Atelier "Instrumentation Optique Embarquée"
 
 
 
Atelier POGEQA
Toulouse - du 26 au 28 juin 2013
Conférence Optimisation 2013
Une conférence internationale sur l'optimisation sera organisée à Toulouse du 24 au 26...
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Changements environnementaux
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